Comment faire la distinction entre
un réel désir de changement et une insatisfaction qui n'aboutira à
rien?
Catherine Blondel: Il est vrai que mon
métier me met en relation avec un certain nombre de cadres frappés
du "syndrome de Balavoine". Mécontents de leur vie
professionnelle actuelle, ils entonnent la complainte de "J'aurais
voulu être un artiste". Le coaching est parfois l'occasion
d'apaiser la douleur, d'être moins dans la plainte, de se satisfaire
d'une situation que l'on a pu faire évoluer, entièrement ou en
partie. Par exemple un client, cadre d'un grand groupe depuis trente
ans, m'a annoncé tout de go qu'il voulait acheter une confiserie
dans le Sud. Il y avait là un grand écart entre son monde et celui
de la petite PME. Je lui ai posé quelques questions simples:
"Savez-vous passer un fax? Négocier une facilité de caisse
supplémentaire?" Finalement, il a quand même lancé quelque
chose qui a changé sa vie: passionné de musique, il a organisé un
festival, qui a été une réussite. Cette évolution était plus
cohérente avec son parcours. De la même manière, une cliente est
passée de la volonté d'ouvrir une boutique de mode pour créateurs
pointus à la promotion de ces créateurs. Ce n'est pas une
révolution, mais une réalisation.
Dès que l'on parle de projets de
changement, on a souvent l'impression d'avoir affaire à une armée
de Cassandre, de pessimistes qui "cassent" le projet...
C.B.: Changer, c'est une forme de
liberté. Il y a toujours des gens pour vous conseiller, pour vous
ramener à la norme. Comme l'a dit Brassens: "les braves gens
n'aiment pas que l'on prenne une autre route qu'eux. "Mais les
Cassandre permettent quand même de mettre à l'épreuve son désir.
Lorsque j'ai monté un séminaire de réflexion pour dirigeants, on
m'a conseillé d'attendre un an parce que "c'est la crise",
de ne pas rémunérer les intervenants, de négocier les prix de la
salle, toutes choses qui me paraissaient inconcevables. Avoir entendu
ces arguments rationnels financiers a été utile: je me suis dit que
je lançais le club si j'arrivais à financer les charges. Les
Cassandre ont donc une certaine fonction.. à condition de ne pas
oublier cette phrase de Nietzsche: "Les réalistes sont les assis
de tous les temps!"
Il faut donc maintenir le dialogue
avec autrui lorsque l'on a des projets de changement de vie...?
C.B.: De toute
façon, changer de vie se fait avec les autres. On doit dialoguer
avec sa compagne, son compagnon, ses amis... bref ne pas rester seul
avec un projet qui tourne dans sa tête. Il faut aussi être assez
vite dans le concret, et rencontrer les personnes qui font la même
chose que ce que l'on vise. Trop souvent, on a tendance à oblitérer
la question matérielle. Savoir comment on va gagner sa vie est
pourtant une impérieuse nécessité! Et surtout, il faut être au
service de soi, aller là où on est juste et pertinent. Quitte à
revenir dans une zone héritée de l'enfance et à renouer avec un
fil de son histoire.
Le cabinet de Catherine s'appelle Vis-à-Vis. A visiter sur le site: http://www.visavis-dirigeants.com
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